Au Gabon, il n’y a pas que des Gabonais (ça vous étonne, hein?). Parmi les communautés de Libreville, on trouve les libanais, les ouestaf’ (ouest-africains), les chinois, et les blancs, bien sur (entre autres).
Je ne sais pas comment les gabonais voient les blancs, mais moi, je les classe en 7 catégories. Amusons-nous à les caricaturer un peu. C’est marrant parfois de faire des généralités et rassembler tous les stéréotypes en un article :)
1-Les blancs gaspillés : le blanc gaspillé est généralement français, installé au Gabon depuis 30 ou 40 ans. Il a la soixantaine, la peau toute pleine de taches de rousseurs à cause du soleil, parle comme un gabonais et conduit un vieux cherokee des années 90. Vous le trouverez en train de boire sa bière en compagnie d’une jeune gabonaise, car malgré son âge et son gros ventre, le blanc gaspillé aime s’entourer de jeunesse et ce n’est pas rare qu’il ait délaissé sa femme blanche, vieille et aigrie contre une “petite(1)” au popotin rebondi dont il assurera le confort et l’éducation des enfants.
2-Les expats : l’expatrié ou “expat” a été recruté en France par une grosse boite (pétrole ou BTP) et en contre-partie de le faire venir en Afrique noire, sauvage et dangereuse, on va BIEN le payer. ET on va lui payer son logement. Et la scolarité de ses enfants. Et sa voiture. ET la prime d’éloignement (et la prime de moustiques comme aiment charrier les gabonais). Bref, vous aurez compris les avantages de faire partie de cette catégorie. L’expat n’est pas là pour “découvrir le pays” ou “rencontrer les gens” ou encore “comprendre les coutumes locales”, mais plutôt pour travailler et se faire un max de tune. Il passe ses weekends en bateau à la Pointe-Denis(2) ou dans sa maison en bord de plage. Ne cherchez plus pourquoi les vols Air-France sont chers vers le Gabon, c’est lui qui fait le chiffre d’affaire de la compagnie.
3-Les femmes d’expats : avec les expats viennent leurs femmes. Sont comprises dans cette catégorie, les femmes au foyer. Pour tromper l’ennui, elles passent leurs journées en salle de gym (d’où la masse musculaire impressionnante pour ces femmes de 40 ans). Vous les trouverez principalement à Mbolo(3) à remplir leur chariot de fromage de chèvre et de saumon fumé, au bord de la piscine du Saoti(4) ou dans leur gros 4x4 climatisé automatique. Les deux seuls noirs auxquels elles ont parlé sont la nounou des enfants et le gardien.
4-Les militaires : ou encore appelés bidasse. A leur décharge, on ne voit les militaires que quand ils sont en permission, donc pas à leur avantage. Le militaire a le cheveux ras, le T-shirt blanc serré sur ses muscles saillants, et l’idée fixe : boire et traquer la “petite”. Il ne connait de Libreville que le quartier Louis (et le camp de Gaulle, son lieu de résidence). A Louis(5), il fréquentera les boites de nuit en groupe de dix, boira boira boira, s’essayera à la danse africaine, sera entouré d’une nuée de jeunes gabonaises en mini-jupes et ne se gênera pas à dire des choses pas très gentilles sur les gabonais et sur les blancs qui restent avec les gabonais (c’est du vécu, car dans ma jeunesse, quand j’allais en boite de nuit, il m’est arrivé de discuter avec eux et de rester sans voix devant la bêtise de certaines remarques).
5-Les diplomates : employé des administrations étrangères et grandes organisations internationales, le diplomate a les mêmes avantages que l’expat sauf que son appartement face mer à un million de Francs est payé par les impôts des occidentaux. Son travail est un peu flou, sans doute écrire des rapports et participer à des réunions très importantes sur la gestion du monde. Son but est de quitter le Gabon au plus vite et de se faire muter en Afrique de l’Est (au moins, la-bas, il y a des girafes).
6-Les VI : Volontaire international en entreprise. Le VI sort de l’école et il est volontaire dans une grosse boite française. C’est un peu le petit frère de l’expat. Il est en mode Erasmus sauf qu’il est logé dans un super appart et qu’il gagne de l’argent. Toujours prêt à sauter dans sa voiture de société pour passer le weekend loin de Libreville avec sa bande de potes, il participe sans arrêt à des soirées entre VI (souvent des soirées d’adieux : le VI ayant une durée de vie de 2 ans, le turn-over est rapide. Tu loupes 3 soirées, et ça y est, tu ne connais plus personne). Le VI est prompt à se mettre en couple avec un autre VI. Du haut de ses 23 ans, il se sent adulte et est le premier à donner son avis sur les coutumes locales et à raconter l’incompétence de ses collègues gabonais. Il aime la déco Africaine et porter le pagne. Ça fait cool, je m’intègre.
7-Les volontaires du progrès (je garde le meilleur pour la fin bien sur). Le VP arrive empli d’idéal pour travailler dans une association locale ou une ONG environnementale. Au bout de quelques mois, il a compris que ce milieu est tout aussi pourri que les autres. A ce moment là, deux choix s’offrent à lui : devenir un blanc gaspillé à 30 ans ou s’intégrer dans le système et trouver sa place au soleil (devenir un diplomate). Le VP trouve son âme sœur parmi la population locale. Il a “l’esprit ouvert” et tente de s’intégrer dans la culture gabonaise mais il se demande pourquoi il n’a pas réussi à décrocher un VI. Il critique ces blancs qui ne savent même pas ce que veut dire Mbolo(6), mais aimerait lui aussi échapper de temps de temps aux feuilles de manioc pour un bon steak du Phare du Large(7). Heureusement, il travaille pour “la bonne cause”. Et c’est ça le plus important dans la vie.
Voila le tour d’horizon! Venez visiter le Gabon pour découvrir tout ça de vos propres yeux. Et si vous êtes assez nombreux, je pourrai rajouter la catégorie “Touristes” à mon catalogue. :)
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(1)petite : jeune femme/copine/maitresse
(2)Pointe Denis : belle plage en face de Libreville
(3)Mbolo : grand centre commercial à la française
(4)Saoti : club de sport avec tennis et piscine
(5)Louis : quartier des boites à Libreville
(6)Mbolo : en plus d’être un centre commercial, veut dire Bonjour dans les langues gabonaises. Pour info, le nom de mon blog est Mbolani : pluriel de Mbolo.
(7)Phare du Large : restaurant gastronomique de Libreville, qui n’est ni situé dans un phare ni au large, donc je me demande bien d’où vient ce nom.
si je viens comme touriste, promets moi de ne pas faire de 8eme rubrique :)
RépondreSupprimerTrès bonne description H...
RépondreSupprimerC'est exactement ca! Description bien faite
RépondreSupprimerje ne me reconnais pas dans ta description j'ai 50 de gabon je suis une femme qui travaille 45 heures par semaine qui est veuve et qui fait travailler 8 gabonais qui ne va jamais a la plage .etc...et surtout qui aime ce pays qui le respecte qui le connaît parfaitement tu es raciste et étriqué de l'esprit car tu mets tout le monde dans le meme sac.il y a des bons et des mauvais gabonais aussi qui profitent du systeme alors tu devrais reflechir avant d'écrire ce genre de bouffonnerie s
RépondreSupprimerTout à fait d'accord !!!!
SupprimerJ'étais une "VP" en 1989/90,enseignante belge au lycée Léon Mba. 30 ans plus tard, le Gabon est toujours dans mon cœur et j'espère pouvoir y revenir un jour. C'est un pays extraordinaire avec des gens formidables. Bien que votre blog m'ait fait sourire, il est toujours dangereux de placer les gens dans des tiroirs faciles. Comment réagiriez-vous si un Européen avait écrit un texte similaire sur les Noirs de Paris ? Nous sommes tous frères et sœurs sur cette terre.
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