vendredi 17 octobre 2014

Vu au Gabon : le mariage, partie 3

Vous pouvez lire la partie 1 et la partie 2 si vous venez d'arriver.

Argent

Vous vous rendez bien compte que vu l’argent nécessaire pour la dote et l'organisation générale du mariage, on ne se marie pas tous les quatre matins! Les gens se marient “quand ils ont l’argent”. Et comme le mariage n’est pas une priorité pour construire sa famille, il n'est pas rare que les gens décident de construire d’abord leur maison avant d’économiser l’argent pour se marier (chaque Gabonais a au moins un but dans la vie : construire sa maison. Objet d’un autre poste, sans aucun doute). Les couples se marient donc plutôt entre 35 et 60 ans (et même plus). Malgré tout, certains jeunes décident de se marier tôt, surtout s'ils peuvent compter sur leur famille. Il faut savoir qu'au Gabon, tout le monde participe financièrement au mariage : la famille, les amis, les collègues...

“Cotisation” est un mot souvent utilisé dans ce pays. Les gens ne sont pas riches, mais ils donnent beaucoup. On cotise pour tous les moments de la vie : naissance, décès, mariage, évènement associatif, Eglise, etc. En amont du mariage, des réunions de préparation rassemblent les amis et la famille des mariés. C'est le moment où l'organisation est partagée entre les gens et où les membres de la famille vont annoncer la hauteur de leur contribution financière.

A ce propos, j'ai une autre anecdote à raconter. J'ai entendu récemment parler d'un homme qui organise son mariage. Une semaine avant l'évènement, il rassemble sa famille pour une réunion de préparation où les gens vont annoncer leur cotisation. Le futur marié doit d'abord présenter ce qu'il va mettre sur la table et les cotisations des autres membres de la famille viendront compléter la mise principale. Et là, le gars annonce qu'il a 100,000F en tout et pour tout. Sur quelque chose comme 3 millions que va couter le mariage. Une semaine avant le D-Day. GLOUPS! Et là, tout le monde se demande comment on peut avoir le culot de vouloir se marier sur le dos de sa famille. En tout cas, moi, c'est ce que je me suis dit. Et si vous voulez savoir comment ça se termine, et bien, on peut dire que cet homme avait de la chance d'avoir une sœur ayant les moyens et la générosité (ou le sens du devoir et de l'honneur) de lui permettre de s'unir à son être cher.

Il est également de coutume de distribuer des faireparts de mariage à toutes ses connaissances. Au delà des amis et de la famille, les collègues en reçoivent aussi un. Mais attention, il faut savoir que recevoir un faire-part invite aussi implicitement à cotiser, que l'on assiste ou non au mariage. La hauteur de la cotisation dépend du lien que l'on a avec le couple. 10,000F, 100,000F, 200,000F, des millions... Il n'y a pas de montant obligatoire ni de limite.

Quand on est un petit blanc fraichement arrivé au Gabon, cela fait bizarre la première fois. On peut recevoir un fairepart de quelqu'un que l'on connait à peine (par exemple un nouveau collègue). On est surpris de l'invitation, flatté et gêné en même temps. Viens ensuite la question dudit collègue : "Donc tu vas cotiser combien pour mon mariage?" "Heu..." ENCORE PLUS GENANT! Ok... On se connait depuis deux semaines, tu m'invites à ton mariage, c'est cool, mais je ne comptais pas franchement venir et maintenant tu me demandes de cotiser... "Et bien, heu... je ne sais pas... Heu..." Et comme on a le complexe du blanc, on se demande toujours si ce n'est pas parce qu'on est blanc que l'on nous demande ça. Bref... Ca va toujours mieux une fois que l'on est au courant des coutumes!

Concernant le mariage et l'argent, il y a des différences entre les coutumes. Je peux dire que ceux sont les plus demandeurs sont les fangs. J'ai assisté à un mariage fang, auquel je venais invitée par le futur marié. Et bien AVANT d'arriver au lieu du mariage, qui se passe dans la famille de la femme, la famille de l'homme se fait déjà dépouiller. Il n'y avait pas moins de 10 "barrières" matérialisées par des branchages, auxquelles des femmes de la famille de la mariée nous demandaient de payer. Evidemment, tout ceci est un jeu (mais le porte monnaie en prend quand même un coup). Un montant à payer est indiqué à chaque barrière et va en grandissant pour atteindre plusieurs millions à la dernière. Ce sont des sommes symboliques. En réalité, chacun donne des petites coupures (500, 1000F). Parfois, un membre généreux de la famille peut décider de payer pour tout le groupe. Et à chaque fois, il y a une raison pour laquelle il faut payer. Je ne me rappelle que de certaines : on doit avoir les ongles propres en arrivant, payez pour la manucure! Pas de malade chez nous, payez pour le vaccin du sida! etc., etc. Je vous le disais, c'est un jeu!

Sur ce, j'ai terminé ma petite série sur le mariage au Gabon. J'espère qu'elle vous a plu.

Je tiens à rappeler que ce que j'ai écrit est basé sur mon expérience et ce que l'on m'a expliqué sur le mariage traditionnel. Je ne suis pas une spécialiste des coutumes gabonaises.






2 commentaires:

N'hésitez pas à me laisser un commentaire, ça me ferait super plaisir.