Vu au Gabon : le mariage, partie 1

Puisque je me marie bientôt avec un gabonais, j’ai pensé que ce serait intéressant de regarder le mariage d’une perspective gabonaise. Voyons un peu ce qu’est le mariage au Gabon et ce que les coutumes traditionnelles impliquent. J’ai assisté à plusieurs mariages de gabonais depuis que je suis ici. Ils diffèrent légèrement d’une ethnie à l’autre, mais globalement, ils sont assez similaires. J’ai retrouvé cet article où je décris un tout petit peu le déroulement du mariage.

J’avais tellement de chose à dire que j’ai du couper l’article en deux. Vous aurez donc la suite la semaine prochaine!

Il y a trois mariages au Gabon : le mariage traditionnel, le mariage civil et le mariage religieux. Le mariage traditionnel est celui qui compte vraiment aux yeux de tous. C’est celui-la qui se déroulera en premier et les deux autres sont non-obligatoires. Le mariage civil rend les choses officielles devant l’Etat (qui ne reconnait pas le mariage traditionnel) et le mariage religieux est célébré quand le couple est très très (très) croyant. Je parlerai donc du mariage traditionnel ici.

Il faut savoir que le mariage au Gabon n’a pas la même signification qu’en France. Pour moi qui suis française, le mariage symbolise l’union entre deux personnes et sonne le début de leur vie à deux et de leur foyer. Il est une promesse de s’aimer toujours et est centré sur le couple. Au Gabon, le mariage est une affaire de famille et de reconnaissance du rôle de chacun. Il peut se dérouler à n’importe quel âge de la vie, plus souvent tard que tôt d’ailleurs. Il n’est pas obligatoire d’être marié pour avoir des enfants (au contraire, mieux vaut épouser une femme qui a déjà prouvé sa fécondité. Je ne vous raconte pas ce que Sam doit entendre). Il n’est pas non plus nécessaire d’être marié pour habiter en couple. De plus, dans certaines ethnies, la polygamie est habituelle, ce qui n’existe pas chez nous.

Je vous disais que le mariage gabonais implique la famille, au delà du couple. Il est précédé, parfois de plusieurs années, par les “présentations”, équivalent de nos fiançailles. Le futur mari vient se présenter, accompagné de deux ou trois oncles, de quelques centaines de mille et de bouteilles d’alcool devant la famille de la mariée. Il vient en quelque sorte dire “Me voici, je suis l’homme qui est avec votre fille et je porte la responsabilité de son bien-être”. Cette étape est obligatoire. N’a-t-elle pas lieu que le mariage ne peut être célébré. L’homme n’est pas véritablement considéré comme compagnon de la femme tant qu’il ne s’est pas présenté, même si la famille le connait et l’a déjà vu plusieurs fois. (Note : Dans de nombreux domaines, les gabonais ne considèrent les choses que si elles ont été faites officiellement et selon la coutume).

Vient la célébration du mariage. La famille de l’homme vient demander en mariage à la famille de la femme, leur fille. En signe de l’importance qu’elle accorde à la mariée et en contribution de la perte qu’entrainera son absence, la famille du marié offre des présents (argents et biens) qui constituent la dote. Celle-ci sera partagée équitablement entre la famille paternelle et la famille maternelle de la mariée. Si la famille de la mariée, et celle-ci, acceptent, alors la mariée est amenée dans sa belle famille. Bien sur ceci est symbolique. Les couples de nos jours n’habitent plus forcément chez les beaux-parents ni sur le terrain familial, surtout dans les villes. Si par malheur le couple venait à se séparer, la famille de la femme devrait rembourser la dote dans sa totalité. Vous comprendrez pourquoi certaines familles découragent leur fille de vouloir divorcer!

La suite sur la préparation et la célébration du mariage au Gabon la semaine prochaine!